7ème portrait : Élodie LETONDAL - Directrice de l’abattoir de Pontarlier

Mis à jour le 26/04/2021

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Je suis Élodie LETONDAL, j’ai 41 ans, je suis mariée et j’ai 2 enfants. Je dirige l’abattoir multi-espèces de Pontarlier qui compte 7 salariés. Ma fonction est très diversifiée, je réceptionne les bêtes en bouverie, je réalise les contrôles de traçabilité et l’enregistrement des différentes espèces, je veille au respect du protocole sanitaire sur chaîne, je réalise le classement des bovins ainsi que la pesée des carcasses. Ensuite commence un travail administratif, facturation, comptabilité, accueil clients.

L’abattoir de Pontarlier est depuis le 01/08/2019 une Société Coopérative d’Intérêts Collectif, ou nous formons une équipe dirigeante de 3 personnes dont je suis la seule salariée. Notre outil étant vieillissant, il nécessite beaucoup de vigilance quotidienne et même le weekend. Des investissements sont donc obligatoires, pour concrétiser notre projet de reprise, nous avons sollicité le Plan de Relance et avons été sélectionné.

Mon parcours d’étude n’a pas forcément de lien avec mon activité professionnelle puisque j’ai fait des études hôtelières au Lycée Friant de Poligny dans le Jura. Cela dit, ce cursus m’a permis d’être polyvalente et investie dans tout ce que j’entreprends. Pour la petite anecdote, à l’époque, mes clients arrivaient dans les établissements où je travaillais en voitures de luxe et même en hélicoptère, désormais, ils arrivent en bétaillères…

A l’abattoir, j’ai été formée sur le tas dans un premier temps par mes parents qui ont gérés l’entreprise jusqu’en 2005, ils m’ont transmis leurs valeurs que j’ai su conserver. En 2019, la reprise de cet abattoir a été une source de pression car même si je connaissais ce milieu, ça a été et ce l’est encore un beau challenge. Pour moi, une femme a une autre approche, elle peut se démarquer de cette image brutale associée au milieu des abattoirs, elle rend ce métier moins dur, elle échange davantage avec la clientèle de proximité, elle est moins rustre. Les femmes sont également plus patientes.

Pour la gestion du personnel, j’ai dû faire face à une équipe qui était en place depuis de nombreuses années, mais avec persévérance, on arrive tout de même à modifier quelques habitudes. Si le métier se féminise, il souffre encore d’une image traditionnelle aujourd’hui dépassée, il est par exemple moins dur physiquement qu’auparavant puisque les outils sont équipés d’appareils de manutention pour éviter de porter des charges trop lourdes…

Depuis que nous avons créé cette nouvelle société, nous sommes en constante augmentation de tonnage, ces résultats sont donc très motivants.

Concernant l’articulation vie privée et vie professionnelle, une organisation est mise en place avec mon mari afin de ne pas trop perturber la vie des enfants, commençant mes journées très tôt, il s’en occupe le matin et je prends le relais le soir après l’école. Nous privilégions le qualitatif avec les enfants et la famille.

Pour les jeunes filles qui souhaiteraient s’orienter vers ce type de métier, il est important de rappeler qu’une femme peut être en bottes vertes ou en bottes blanches la semaine et danseuse en talon le week-end.

A mon sens, si je devais retenir une femme ayant contribué à l’avancée des droits des femmes et à l’égalité entre les femmes et les hommes, je citerais la philosophe Simone de Beauvoir. (Personne n’est plus arrogant envers les femmes, plus agressif ou plus méprisant qu’un homme inquiet pour sa virilité.)