5ème portrait : Myriame SAID MOHAMED - Championne du monde de Handball et entraineure du Pôle Espoir Feminin de BFC

Mis à jour le 02/04/2021

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Crédit photo : Slavko KOLAR

Je m’appelle Myriame SAID MOHAMED, j’ai 43 ans, j’ai grandi à Vénissieux, dans la banlieue lyonnaise. J’ai débuté le handball à l’UNSS grâce à mon professeur d’EPS, puis j’ai pris ma 1ère licence en club lorsque j’étais en 4ème. Je suis entrée en sport-études à Lyon en classe de seconde ; j’ai adoré ces 3 années qui coïncident avec mes premières sélections en équipe de France juniors.

Et c’est à cette période-là que je me suis questionnée sur le métier d’entraîneur. Après l’obtention de mon BAC littéraire, j’ai suivi le cursus STAPS avec pour ambition de devenir professeure de sport, j’ai donc passé et obtenu le concours en 2003. Pendant 6 ans, j’ai évolué en tant que semi-professionnelle en 1ère division à l’ASUL Vaulx en Velin, le seul club professionnel de la région lyonnaise grâce auquel j’ai connu la coupe d’Europe. En 2001, j’ai quitté Lyon, pour Besançon pour signer un contrat professionnel avec l’ESBF, 5 années pleines de tires dont la victoire prestigieuse en coupe d’Europe en 2003. J’ai également évolué durant 2 saisons à la JDA DIJON au côté d’Alice LEVEQUE ou encore Béatrice EDWIGE.

De 2000 à 2004, j’ai eu la chance de porter le maillot de l’équipe de France à soixante reprises, avec le titre de championne du Monde remporté en 2003. Il a fallu faire beaucoup de concessions dans ma vie personnelle pour mener de front tous mes objectifs : une hygiène de vie sans faille, beaucoup de rassemblements familiaux loupés, c’était très dur par moment. mais les victoires, les émotions partagées, les voyages aussi, et la sensation de réaliser quelque chose d’inégalable en valait la peine…

De plus, j’ai toujours exercé 2 métiers ce qui n’a pas toujours été facile à gérer :

  • joueuse et entraineur de 2003 à 2006,
  • joueuses et chargée de mission du pôle ressources sport éducation insertion de 2006 à 2008,
  • joueuse et formatrice au CREPS Centre régional d'éducation physique et sportive de Dijon de 2008 à 2010.

Depuis les 10 dernières années, le statut de joueuse professionnelle de handball s’est amélioré, pour devenir un vrai métier, le parcours est lisible, grâce au travail proposé dans les pôles espoirs puis les centres de formation de clubs professionnels. Ce qui n’évolue pas assez vite, c’est la reconnaissance des performances des équipes féminines en tant que telles, toujours sous estimées, sous médiatisées, limites négligées, et si on aborde l’aspect financier, c’est une douce supercherie ! C’est dommage de constater encore et toujours, que trop peu de monde reconnait aux femmes de vraies compétences !

Chapeau pour ceux et celles qui, non sans mal, s’engagent auprès des femmes, pour plus de reconnaissance !

Je tiens également à souligner le projet mené de concert par la FFHB, l’UCPH, l’AJPH et 7 Master, le handball est le premier sport français à se doter de son propre accord collectif disciplinaire : la convention collective des joueuses professionnelles qui entre autres aborde le sujet de la maternité !

Une avancée incroyable pour le statut de la femme sportive et future maman !

J’ai mis fin à ma carrière de joueuse en 2012 après avoir joué 2 saisons en Espagne, et depuis, je suis responsable du pôle espoir féminin de Bourgogne Franche-Comté. Je suis responsable de la filière féminine sur tout le territoire ce qui m’oblige à beaucoup me déplacer et je suis mobilisée les week-ends également. J’exerce mes missions d’entraînement sur le site de Besançon, auprès d’un public de jeunes filles scolarisées de la 4ème à la terminale au collège Stendhal et au lycée Jules HAAG. C’est avec beaucoup d’humilité que j’essaye de leur permettre de mener à bien le triptyque sport/études/vie sociale. Notre but, c’est de les transformer sur le plan handball et sur tous les facteurs de la performance, de leur permettre de devenir des joueuses professionnelles, mais pas uniquement ! Les aider à devenir des jeunes femmes « biens et responsables » a aussi beaucoup d’importance.

Avec beaucoup de recul aujourd’hui je sais que si j’ai pu avoir ce parcours, c’est parce que j’ai rencontré les bonnes personnes au bon moment et j’ai réussi à ne pas laisser passer le train !

Au regard de mes origines, je remercie mes parents de m’avoir permis de faire du sport et je souhaite que les filles, toutes les filles, quelles que soient leurs origines ou leur culture, aient la possibilité d’avoir accès au sport, d’avoir des ambitions, de réaliser leurs rêves. Que toutes les femmes qui le souhaitent soient convaincues que la réussite sociale par le sport est une réalité palpable.

Avoir les clés du royaume ne suffit pas, on peut encore nous empêcher de gravir les marches, mettre les clés dans la serrure, et même ouvrir la porte. Alors se battre jusqu’au bout est vraiment primordial !

A la question relative aux hommes ou femmes célèbres illustrant la lutte pour les droits des femmes et l’égalité entre les femmes et les hommes, sans hésiter : Toutes les femmes du film « les figures de l’ombre » ( Katherine JohnsonDorothy Vaughan et  Mary Jackson), Simone VEIL et Christiane TAUBIRA.

En complément, visionnez d'autres témoignages sur le sport au féminin : https://www.instagram.com/tv/CLHWUYUA4T3/?utm_source=ig_web_copy_link

Crédit photo : Stéphane PILLAUD